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Le secteur militaire, bien qu’il demeure souvent discret dans les discussions sur le changement climatique, est pourtant un acteur majeur des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES).  

Si l’on considère les forces armées comme un pays à part entière, elles se classeraient au quatrième rang mondial des plus grands émetteurs, juste derrière la Chine, les États-Unis et l’Union européenne. Cela représente environ 5,5 % des émissions globales, un chiffre supérieur à celui des secteurs de l’aviation civile ou du transport maritime.  

Ce constat soulève une question fondamentale : quel est le lien entre dépenses militaires et climat, et pourquoi ces émissions ne sont-elles pas davantage prises en compte dans les bilans climatiques nationaux ? La réponse réside dans le manque de transparence et d’obligations comptables, notamment pour les dépenses militaires. 

Le réarmement mondial : une menace pour les objectifs climatiques 

Le réarmement mondial, alimenté par des budgets militaires en constante augmentation, représente une menace de plus en plus pressante pour les objectifs climatiques mondiaux. En 2023, les dépenses militaires mondiales ont atteint un niveau record de 2 460 milliards de dollars. L’OTAN, par exemple, prévoit une hausse significative de ses dépenses de défense pour les années à venir.  

Cette tendance pourrait entraîner une augmentation annuelle des émissions de CO de près de 200 millions de tonnes, soit l’équivalent des émissions de pays comme l’Italie ou le Royaume-Uni.  

Or, ces hausses de dépenses militaires sont en contradiction directe avec les efforts internationaux visant à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, un objectif central de l’Accord de Paris. Le fait que des ressources colossales soient allouées à la défense plutôt qu’à la transition écologique fragilise sérieusement les objectifs de réduction des émissions de GES. 

Lien entre dépenses militaires et climat: des ressources détournées de la lutte climatique 

Les impacts des dépenses militaires ne se limitent pas à l’augmentation des émissions directes. Un autre effet collatéral majeur est le détournement des ressources financières nécessaires à la transition écologique. En effet, les pays les plus riches consacrent en moyenne 30 fois plus de fonds à leurs forces armées qu’à financer des actions climatiques dans les pays les plus vulnérables.  

Ce déséquilibre est particulièrement frappant quand on considère que les efforts d’adaptation aux changements climatiques, notamment dans les pays en développement, nécessitent des investissements massifs. Les conséquences sont multiples : des énergies renouvelables sous-financées, des infrastructures écologiques fragilisées et des communautés plus vulnérables face aux catastrophes climatiques. 

Conflits armés : un double impact sur le climat 

Les conflits armés, outre leurs conséquences humaines dévastatrices, ont également un impact environnemental catastrophique. Par exemple, les 15 mois de conflit à Gaza ont généré près de 1,89 million de tonnes de CO, un chiffre supérieur aux émissions annuelles de plus de 100 pays.  

Le recours aux équipements militaires, aux avions de chasse, aux tanks, et autres technologies consomme d’énormes quantités de carburant fossile. De plus, la destruction d’infrastructures vitales, comme les réseaux d’eau, d’électricité ou de transport, entraîne un besoin massif de reconstruction, un processus également émetteur de CO. La guerre devient ainsi un catalyseur de la crise climatique. 

Pourquoi les PME québécoises devraient s’en préoccuper 

Dans ce contexte mondial, les petites et moyennes entreprises (PME) du Québec, souvent à la pointe de l’innovation durable, ont un rôle crucial à jouer dans le lien entre dépenses militaires et climat. Ces entreprises, en tant qu’acteurs économiques responsables, peuvent contribuer à la prise de conscience collective et à l’action sur ce problème systémique.  

Voici quelques actions concrètes que les PME québécoises peuvent entreprendre : 

  • soutenir des politiques publiques exigeant la transparence des émissions militaires. En demandant des rapports clairs et détaillés sur les émissions de GES liées aux activités militaires, les entreprises peuvent participer à une meilleure gouvernance environnementale.
  • intégrer des critères éthiques dans leurs partenariats et investissements. En choisissant d’investir dans des entreprises qui respectent des principes environnementaux et en évitant celles qui sont liées à l’industrie de l’armement, les PME peuvent influencer positivement la chaîne d’approvisionnement.
  • Sensibiliser leurs réseaux aux liens entre militarisation et changement climatique. En organisant des conférences, en publiant des articles ou en partageant des informations pertinentes, les PME peuvent jouer un rôle éducatif et inciter à une prise de conscience plus larges

Vers une sécurité climatique partagée 

Il devient de plus en plus évident que la sécurité humaine ne peut être dissociée de la sécurité climatique. Une approche axée sur la coopération internationale, la diplomatie et la résilience climatique pourrait constituer une voie plus durable pour assurer la sécurité des populations tout en préservant l’environnement.  

Un exemple concret de cette nouvelle approche est la création, au Canada, d’une force d’intervention d’urgence climatique. Ce type d’initiative montre qu’il est possible de mobiliser des ressources pour protéger l’environnement tout en assurant la sécurité des populations, et ce, sans recourir à l’escalade militaire. 

Conclusion 

Le lien entre dépenses militaires et crise climatique est un angle mort dans de nombreux débats actuels, mais ses conséquences sont bien réelles et sérieuses. Les forces armées, en raison de leur impact sur les émissions de GES et de la façon dont elles détournent des ressources cruciales pour la transition écologique, constituent une menace pour nos objectifs climatiques mondiaux.  

Les PME québécoises ont un rôle à jouer en sensibilisant leurs réseaux et en soutenant des politiques publiques plus transparentes. Il est plus que jamais nécessaire de repenser notre approche de la sécurité, en plaçant la coopération et la résilience climatique au cœur de nos priorités. 

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Sources : 

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