Dans Nouvelles climatiques

Le secteur immobilier canadien vit une transformation profonde. Responsable d’environ 18 % des émissions nationales de GES, le secteur bâti se trouve au cœur de la lutte contre les changements climatiques. Cette transition de l’immobilier vers la construction durable et bas carbone n’est pas une contrainte, mais une opportunité stratégique d’accélérer la décarbonation du bâtiment, d’améliorer la performance énergétique des bâtiments et de renforcer la résilience climatique du pays. 

 L’immobilier et le climat : un bilan carbone à alléger pour une construction durable et bas carbone

Selon Environnement et Changement climatique Canada, les bâtiments résidentiels et commerciaux ont généré plus de 50 Mt de COe en 2022. La consommation énergétique résidentielle représente à elle seule 57 % des émissions du secteur. Le BMO Climate Institute estime qu’une réduction de 64 % de ces émissions est nécessaire d’ici 2030 pour respecter les engagements climatiques du Canada. 

 Mais, il ne suffit pas de viser la carboneutralité : il faut s’engager dans une amélioration carbone continue, appuyée sur des données concrètes et des outils robustes.  

L’enjeu du carbone intrinsèque 

Une part souvent invisible des émissions du secteur immobilier provient du carbone intrinsèque — soit les émissions générées lors de la fabrication, du transport et de l’installation des matériaux de construction. 

Une étude du Fonds immobilier de solidarité FTQ, avec Akonovia et Vertima, révèle qu’un bâtiment conçu selon des critères bas carbone offre à la fois une réduction de l’empreinte écologique et une meilleure résilience financière. En particulier, l’utilisation de matériaux faibles en carbone — comme le bois ou les bétons décarbonés — s’avère cruciale. 

Concevoir sobre dès l’esquisse 

La conception durable est un levier fondamental de la transition énergétique dans l’immobilier. Orientation solaire, enveloppe thermique performante, ventilation naturelle, matériaux biosourcés, autant de choix qui influencent la performance énergétique d’un bâtiment dès les premières étapes du projet. 

L’initiative « Construction bas carbone avec le bois », soutenue par le gouvernement du Québec, illustre bien cette approche. Elle mise sur la construction écoresponsable, l’utilisation de ressources renouvelables et la durabilité à long terme pour réduire les émissions de GES du bâtiment jusqu’à 60 %. 

Mieux que construire : rénover 

En matière de réduction des GES, la rénovation énergétique offre des retombées encore plus immédiates que la construction neuve. Le principe est simple : le bâtiment le moins polluant, c’est souvent celui qu’on réutilise. 

C’est pourquoi des programmes d’investissement soutiennent la rénovation verte. Depuis 2016, plus de 10 G$ ont été engagés pour la décarbonation du parc immobilier canadien, incluant des fonds pour la modernisation énergétique des bâtiments existants. 

Financement vert et gestion des risques 

Pour les investisseurs immobiliers, le climat devient un facteur de risque financier. Un bâtiment peu performant peut perdre rapidement de sa valeur si les prix du carbone, les exigences réglementaires ou les attentes des acheteurs évoluent. 

À l’inverse, un immeuble à haute performance énergétique devient un actif stable et valorisé. C’est pourquoi de nombreuses institutions financières, comme Desjardins, commencent à intégrer des critères environnementaux dans l’évaluation de leurs portefeuilles immobiliers. 

Urbanisme sobre et collectivités engagées 

La décarbonation de l’immobilier ne se limite pas aux bâtiments. Elle passe aussi par l’urbanisme durable : densification intelligente, mobilité verte, infrastructures résilientes et accessibilité aux services. 

Le Québec vise, d’ici 2042, des villes sobres en énergie, inclusives et adaptées aux aléas climatiques. Pour y arriver, il faudra aligner les politiques publiques, les normes de construction, les subventions vertes et les initiatives privées vers un même objectif : bâtir un cadre de vie bas carbone. 

Chacun peut agir 

La transition écologique du secteur immobilier n’est pas l’affaire exclusive des gouvernements ou des grands promoteurs. Les citoyens, les PME, les municipalités peuvent tous jouer un rôle. En choisissant des matériaux à faible empreinte carbone, en rénovant intelligemment ou en compensant les émissions résiduelles par des projets crédibles, chacun contribue à une trajectoire de réduction mesurable et durable. 

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Sources : 

FORMES Vol.20, Nº3 – Dossier : Décarboner le bâtiment : https://www.formes.ca 

Gouvernement du Canada – Stratégie Net-Zero Buildings : https://www.canada.ca 

BMO Climate Institute – Decarbonizing Canada’s housing market : https://capitalmarkets.bmo.com 

Verdani / Sustainalytics – Scope 3 in real estate : https://verdani.com 

Conseil du bâtiment durable du Canada – Commercial Building Recommendations : https://www.cagbc.org 

Desjardins – Empreinte carbone financée : https://carbonaccountingfinancials.com 

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Été record et action climatique Smog feux de forêts. Crédit Pixabay